C hères lectrices, Chers lecteurs,
L’année 2012 n’a pas comblé les attentes que nous avions placées en elle. L’élection de François Hollande, avec sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, lui a donné un pouvoir total pour appliquer son programme. Désireux de se démarquer de l’équipe précédente, il l’accuse de tous les maux et la rend responsable de tout – des déficits budgétaires et de la dette, du chômage au plus haut et du pouvoir d’achat au plus bas, de l’école abîmée et de la jeunesse sacrifiée, etc., alors qu’en vérité les difficultés dont nous souffrons sont beaucoup plus anciennes, et que les socialistes, loin d’y porter remède, les ont en quelques mois considérablement aggravées.
François Hollande, semble-t-il, ne l’a malheureusement pas encore compris : si Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à réduire le chômage ni à augmenter le pouvoir d’achat, ce n’est pas parce qu’il aurait mené une politique trop «libérale» ou trop «à droite» mais au contraire parce qu’il n’a pas suffisamment rompu avec la politique de gauche des précédents gouvernements, ni supprimé les obstacles à la croissance soigneusement érigés depuis des années par ses prédécesseurs socialistes.
Les 35 heures, tout d’abord, que nous subissons depuis 1998 par la faute de Martine Aubry. Non seulement cette loi absurde a cassé notre compétitivité industrielle, mais elle coûte chaque année 21 milliards d’allègement de charges, qui creusent d’autant nos déficits publics, sans qu’aucun ministre de l’Economie ne s’en soit soucié jusqu’à présent.
L’ISF, ensuite, que nous a légué François Mitterrand, avec le passage de 20 à 40%, des droits de succession. S’ajoutant aux récentes augmentations de l’impôt sur le revenu et de la taxation des plus-values, sa folle progression a fait basculer notre régime fiscal dans la spoliation et la sanction. Alerté par le coup de colère d’un fameux comédien, le grand public prend conscience aujourd’hui de ses ravages, mais cela fait trente ans que l’ISF, sans bruit, fait fuir nos principaux contribuables – qui s’en vont investir ailleurs. Chaque année, c’est une nouvelle révocation de l’édit de Nantes, qui mine notre croissance en vidant la France de ses créateurs de richesse et d’emplois !
La rigidité du marché du travail, enfin que tous les gouvernements depuis 1945 se sont employés à aggraver sous la pression des syndicats accrochés à leurs sacro-saints «contrats à durée indéterminée». Politique de gribouille, qui se retourne contre les salariés qu’elle est censée protéger : craignant à juste titre de ne pouvoir se séparer demain des salariés qu’une baisse des carnets de commandes condamnerait à l’inactivité, les entreprises préfèrent ne pas les embaucher, ou embaucher ailleurs ! Et c’est ainsi – au nom de la «lutte contre les licenciements» – que le chômage ne cesse de progresser…
La gauche parce qu’elle est à l’origine de ces décisions catastrophiques, et qu’elle n’a eu de cesse d’en aggraver les effets. La droite parce qu’elle n’a jamais eu le courage de les abroger.
Trente-cinq heures, ISF, non-flexibilité de l’emploi : de cette triple calamité française, tous les gouvernements, toutes les majorités, de gauche comme de droite, sont responsables.
Voilà quarante ans que cela dure ! Quarante ans que notre outil industriel, notre puissance économique, notre capacité financière se meurent à cause de ces inventions socialistes avec lesquelles ni Chirac ni même Sarkozy n’ont osé rompre purement et simplement. Quarante ans que la France se vide de ses industriels et maintenant de ses jeunes diplômés, qui préfèrent de plus en plus travailler à l’étranger. Et demain ? Veut-on que ne restent plus en France que des fonctionnaires, des chômeurs et des retraités ?
Et si encore les différents ministres des Finances avaient su gérer convenablement nos finances publiques… Mais non ! Depuis 1982, les déficits budgétaires se sont accumulés, chaque gouvernement favorisant les aides sociales au détriment de nos investissements. Vive l’État-Providence ! Mais combien de temps cela durera-t-il ? Pour « équilibrer » leurs budgets, tous les gouvernements ont largement emprunté. Ils ont alourdi chaque année le fardeau d’une dette (plus de 1 800 milliards en 2012, contre 90 milliards en 1980) qui nous coûte de plus en plus cher et nous fait courir un danger de plus en plus grand. Si nous parvenions à la réduire de 10 milliards par an (ce qui déjà serait un exploit), il nous faudrait près de deux cents ans pour la rembourser en totalité! Vertigineux !
En 2013, nous devrons emprunter plus de 160 milliards d’euros – 100 milliards pour acquitter les échéances de notre dette et 60 milliards – au minimum – pour contenir notre déficit budgétaire dans la limite des 3 %. Quels investisseurs accepteront d’acheter nos emprunts à des taux raisonnables ? Ce n’est pas un hasard si l’agence Moody’s, après avoir revu, en novembre, notre notation à la baisse, a placé la France sous haute surveillance. Tant que les augmentations de dépenses ne seront pas maîtrisées, qu’aucune mesure d’économie ne sera prise, que des impôts nouveaux continueront d’étouffer la croissance et de faire fuir nos investisseurs – bref, tant que nous ferons tout ce qu’il ne faut pas faire -, nous serons sous la menace d’une nouvelle dégradation et d’une augmentation des taux d’intérêt, qui serait dramatique. Comme la Grèce, qui ne peut plus emprunter à des taux supportables, nous nous retrouverons alors en cessation de paiement. Et ce n’est pas l’Europe qui pourra nous venir en aide…
Ce cauchemar, seul le président de la République, président de tous les Français, peut encore l’écarter. J’ai fait un rêve.
J’ai rêvé que François Hollande, prenant conscience des exigences de sa charge, décidait soudain d’abandonner la politique socialiste qui conduit à la ruine la France et les Français…
Serge Dassault