A moins de deux semaines du Conseil national lors duquel sera présenté le projet politique d’alternance des Républicains pour 2017, réunions et débats se poursuivent à notre siège national à l’image des Rendez-vous du projet, instants hebdomadaires privilégiés où acteurs de la vie civile, militants, adhérents et cadres du mouvement viennent échanger sur des thématiques diverses et approfondir des pistes de réflexion.
A l’exemple, ce mardi, des « entreprises, au cœur de la puissance et du rayonnement de la France », thème qui a réuni autour de Bernard Carayon et Nicolas Forissier, respectivement Secrétaires nationaux à l’Industrie et au Commerce extérieur, des chefs d’entreprises soucieux de témoigner et de faire part de propositions.
Dans un premier temps, Bernard Carayon et Nicolas Forissier ont planté le décor d’une industrie française, technologiquement performante, qui « joue la Champions League », qui conforte l’activité et donc de l’emploi en France mais qui souffre d’un certain déficit de notoriété auprès des Français, essentiellement en raison de leur méconnaissance du monde de l’entreprise.
« En France, l’entreprise n’est pas assez connue. Les enfants n’apprennent pas ce qu’elle est réellement », confirme le sénateur de l’Essonne, Serge Dassault, président d’honneur du groupe éponyme qui aimerait que les enfants apprennent à l’école « la fonction et le rôle de l’entreprise dans notre société ».
« Il n’y a pas de grande puissance dans le monde si elle n’est pas industrielle », lui répond en écho Bernard Carayon qui souligne les rôles et fonctions des industries. « Elles sont moteurs de la recherche, ancrées dans leurs territoires, conçoivent et fabriquent des objets qui signent un pays, contribuent à l’essentiel des exportations de notre pays, sont canaux de l’indépendance et de la souveraineté de la France… »
« Dans notre projet politique, l’Industrie doit signer le renouveau de la puissance française », ambitionne Bernard Carayon pour qui le patriotisme économique « politique de toutes les grandes puissances, n’est pas une indécence ».
Mais aux yeux des chefs d’entreprises présents, ce renouveau de la puissance française passe par une plus grande bienveillance des pouvoirs publics à leur égard. « Nous ne sommes pas des chasseurs d’aides mais nous demandons un écosystème compétitif et à disposer des mêmes armes que nos concurrents étrangers», résume Bruno Grandjean, Président du mouvement des établissements industriels de taille intermédiaire (ETI).
Bruno Grandjean pointe là l’un des problèmes souligné par Bernard Carayon et Nicolas Forissier : les distorsions sociales et fiscales qui sont de véritables handicaps à l’international auquel le secrétaire national ajoute « l’extrême faiblesse de l’épargne populaire vers l’entreprise » et des « règles (bancaires) par trop prudentielles » sans oublier le poids des charges et des normes dont la sur-interprétation par l’administration française opère comme un véritable frein à l’envie d’investir.
Cherchant à trouver de pistes concrètes, Nicolas Forissier cible quelques priorités. Comme celle de « redéfinir une pratique, une organisation, une volonté commune de la conquête des marchés ». Cela passerait par un « vrai » ministère de l’Economie, de l’Industrie, du Commerce extérieur « avec un ministre qui fait le job et, derrière, une organisation de l’administration qui doit en découler. C’est-à-dire une mais pas deux administrations». Pas convaincu que le ministère des Affaires étrangères soit l’échelon « efficace » pour le Commerce extérieur, Nicolas Forissier plaide pour la mise en place de guichets unique par territoire et la constitution d’une « équipe de France, soudée, motivée » pour conquérir des parts de marché à l’étranger…
« La région, c’est le niveau pertinent pour un guichet unique car chaque entreprise est identifiée à un territoire, a un attachement à un territoire », appuie Bruno Grandjean qui, par ailleurs, incite les entreprises françaises à collaborer avec leurs consœurs, entreprises européennes. « C’est avec l’Union européenne et unis que nous pourrons faire face au dumping de la Chine sur l’acier », prend-il comme exemple.
La région est également le « bon niveau » pour Emeric d’Arcimoles, président de BeAM qui souhaite que soient redéfinies en priorité « les responsabilités d’un Etat qui s’occupe par trop de tout. Les entreprises veulent être autonomes, équilibrées dans leur business et gagner de l’argent ce qui n’est pas la préoccupation des administrations de l’Etat », note le dirigeant de cette imprimerie métallique 3D qui déplore « le carcan juridique qui entoure l’activité des entreprises et la méfiance de l’administration. Iy y a un méandre d’aides inextricables », déplore également Emeric d’Arcimoles.
Quant à la notion d’ « Equipe de France », de « Maison de France », de la « nécessité de jouer collectif à l’étranger », les chefs d’entreprises y souscrivent car c’est pour eux le meilleur moyen de conquérir des marchés et, surtout, de bénéficier de l’expérience de chacun et ainsi stopper cette particularité française que chaque entreprise se débrouille seule.
Et pour Nicolas Forissier, l’Inde, ce pays-continent en plein devenir, serait là un excellent terrain d’expérimentation…
Crédit Les Républicains, 26 Juin 2016